L’intrapreneuriat à la source du Combi Volkswagen des hippies californiens !

L’intrapreneuriat à la source du Combi Volkswagen des hippies californiens !

Les immatriculations de camping-carsvans et autres fourgons aménagés connaissent une augmentation constante depuis quelques années en France et en Europe. Cette augmentation se trouve fortement accélérée depuis un an (+21.81% d’immatriculation de véhicules neufs en France entre mars 2020 et mars 2021, dont 48% de vans), par effet covid : recherche de liberté et souplesse, « bulle sanitaire » et voyages plus locaux. Les vans, camping-cars et fourgons aménagés modernes qui parcourent les routes de France et d’Europe sont les descendants directs du légendaire Combi Volkswagen, indissociable des hippies californiens des années 1960.  

Chez Mandarine CODI, notre ingénieur d’étude et de recherche aime tout particulièrement les vans Volkswagen et certains de nos clients qui se reconnaitront ! Mais si nous vous parlons de ce sujet aujourd’hui, ce n’est pas que l’envie de vacances et d’évasion se fait trop pressante, mais bien pour aborder le sujet de l’intrapreneuriat. En effet, si aujourd’hui des millions de personnes voyagent et profitent de leur véhicule de loisir, à l’origine son utilisation est bien différente. L’histoire du Volkswagen Transporter est un exemple intéressant d’intrapreneuriat, que nous allons analyser. Remontons le temps à l’après-guerre. 

Volkswagen est créé en 1937 par le régime nazi. Après avoir produit des véhicules militaires pendant la guerre, l’entreprise comme l’usine sont à moitié en ruine. À partir de 1945 il n’y a plus qu’un seul modèle de voiture civile de produit, l’inimitable Coccinelle. L’importateur de la Coccinelle aux Pays-Bas, le néerlandais Ben Pon, visite l’usine située à Wolfbourg en avril 1947. Un véhicule un peu particulier attire son attention : le plattenwagen 

 

  

Fig. 1 : Le Plattenwagen.

Fig. 2 : Photo du carnet de Ben Pon 

Ce véhicule rudimentaire a été créé par les ouvriers de l’usine à partir de pièces détachées de coccinelles ou de véhicules militaires nazis restantes. C’est en quelque sorte un MVP (Minimum Valuable Product). Il était utilisé pour le transport de matériel et de charge dans l’usine. Ben Pon qui connait parfaitement le marché de l’automobile, notamment néerlandais, voit tout le potentiel d’un tel véhicule « utilitaire » dans le contexte de la reconstruction de l’Europe d’après-guerre. Il ébauche dans son carnet cet utilitaire léger, économique, muni d’une carrosserie arrondie, avec un poste de pilotage à l’avant et un moteur situé à l’arrière. Au même moment de l’autre côté du Rhin, Citroën développe le fameux Type H et Renault sa Goélette, preuve s’il en est que les Européens avaient besoin de ce genre de véhicule utilitaire léger et qu’un marché était en création. 

Quelques temps plus tard, lorsqu’il en a l’occasion, Ben Pon présente son idée et ses croquis au directeur de Volkswagen. Ce dernier, séduit par le concept acte la construction d’un premier prototype, présenté en 1949. Les très bons retours sur ce nouveau type de véhicule amènent Volkswagen a commencer la production de série du Transporter l’année suivante, c’est-à-dire en 1950. La suite de l’histoire et le succès du Volkswagen Transporter, tout le monde le connait. Volkswagen sort de nombreuses versions différentes : fourgon, mini-bus, etc. Les versions les plus célèbres sont probablement les combis (nommés aujourd’hui plus largement van ou fourgon aménagé, ancêtre des camping-cars), issus d’un partenariat très fructueux avec la société Westphalia, spécialiste de l’aménagement de véhicule. En 1954, soit 4 ans après le début de la commercialisation, Volkswagen produit déjà 30 versions différentes du Transporter 1. En 1967, alors que plus 1.800.000 exemplaires ont été construits, Volkswagen remplace le Transporter 1, par le Transporter 2 : le même type de véhicule mais modernisé. Viendrons ensuite une nouvelle phase modernisée toutes les douzaines d’années environ. Aujourd’hui, Volkswagen commercialise le Transporter 6 depuis 2015. 

Et l’intrapreneuriat dans tout ça ? Voici un schéma qui résume la création du Transporter 1 :

Traditionnellement, ce sont les ingénieurs et designers qui créent un véhicule, en adéquation avec la stratégie de développement de l’entreprise et les attentes des dirigeants. Or, dans le cas du Transporter, l’idée et les premiers développements viennent des ouvriers. Ce sont donc des employés, dont ce n’est pas le métier, qui innovent. Ils ont pris l’initiative et ont simplement créé un produit adapté à leurs besoins, sans autre objectif que de les aider à mieux remplir leurs missions. Puis, un partenaire (l’importateur Ben Pon) qui connait le marché, voit immédiatement le potentiel du produit et surtout une opportunité à développer. S’il n’avait pas eu la compétence d’orientation vers les opportunités, le plattenwagen ne se serait peut-être jamais transformé en Transporter. Après avoir perfectionné l’idée initiale, il a osé la proposer et l’argumenter auprès de la direction, sans se dire qu’il ne serait pas écouté. Puis, la direction accepte d’allouer les ressources nécessaires à la création d’un prototype alors qu’elle aurait très bien pu refuser et continuer de suivre sa stratégie déjà définieFinalement, après avoir passé tous les tests de manière concluante, la production de série et la mise sur le marché du Transporter est actée, avec le succès que l’on connait.  

Cette histoire, met en lumière certains principes fondamentaux de l’innovation et de l’intrapreneuriat : une idée émanant d’employés et non d’un comité stratégique, l’autonomie laissée par la direction aux employés pour être créatif, la réponse à un besoin, le MVP, la vision d’un marché encore inexistant, l’opportunité à saisir, l’écoute des initiatives, les partenariats et finalement un très beau succès industriel. 



Le premier dispositif de mise en relation de talents de groupe et d'équipes dirigeantes de startup

Miss Mandarine