07 Juil Comment réussir à penser innovation d’usages ?
Lorsque vous innovez, n’oubliez pas les usages !
Le schéma type d’un projet d’innovation porté par des entrepreneurs, – jeunes ou moins jeunes, startup ou PME – est souvent assez similaire. Que l’innovation concerne un produit manufacturé ou une application, la grande majorité des ressources, notamment financières, est allouée à la conception technique.
Une fois que l’idée est trouvée et précisée, la suite logique d’un projet est d’immédiatement de passer au prototypage et au développement technique. Les porteurs du projet réfléchissent donc aux meilleures fonctionnalités. Ils visent également l’exhaustivité avec leur innovation : la grande majorité du budget est consacrée au développement technique.
Cependant, si l’innovation répond aux besoins de ses créateurs ou à un besoin qu’ils ont identifié, est-ce pour autant qu’elle répondra aux besoins des marchés ciblés ? Comment les futurs utilisateurs de l’innovation l’utiliseront-elle ? L’accepteront-elle ? Finalement, trouvera-t-elle son marché ?
L’importance des usages… et des études d’usages
Nous pouvons penser qu’il est impossible de répondre à toutes ces questions avant d’avoir développé complètement le produit… Or, pas du tout !
À l’inverse, nous vous conseillons très fortement de vous intéresser aux usages de votre innovation parallèlement à sa conception, voire avant même son développement. En effet, la valeur d’une innovation dépend souvent des usages qui en sont faits par les clients ou utilisateurs. Le piège est de vouloir faire « trop grand », c’est-à-dire avec beaucoup (trop) de fonctionnalités dès le premier coup, quand une seule proposition de valeur bien pensée peut s’avérer suffisante. Les notions autour de l’usage, d’utilité, d’utilisabilité et d’acceptabilité de l’innovation permettent une évaluation de l’innovation et sont primordiales pour son succès.
Il existe toute une méthodologie d’études d’usages qui permet d’obtenir une compréhension plus profonde des utilisateurs potentiels, avant même que l’innovation soit entièrement déterminée. Ces études aident ainsi les concepteurs à confirmer ou à réorienter les positionnements choisis et à guider les développements pour augmenter sensiblement l’innovation et son acceptabilité. Cette acceptabilité ne correspond pas seulement à ce que le startupeur pense être le mieux, mais surtout à ce que les clients et/ou utilisateurs veulent le plus.
TOC et POC
Prenons un exemple, un TOC (Test Of Concept) peut être réalisé avant même les premiers développements (donc les premiers investissements financiers). Il sert généralement à valider si la problématique identifiée par les porteurs du projet est partagée par d’autres personnes. Il permet également de faire réagir les personnes interrogées sur le concept ou de capter leurs problématiques pour éventuellement modifier le cahier des charges technique et donc réorienter ou augmenter l’innovation.
Toutes ces informations s’avèrent extrêmement utiles pour les innovateurs, car c’est sur elles qu’ils peuvent et doivent s’appuyer pour la conception.
Un second type d’études d’usages est adapté pour l’innovation à un stade plus avancé. Il s’agit cette fois-ci d’obtenir une « preuve de concept » ou POC (Proof Of Concept). Nous conseillons souvent de réaliser un MVP (Most Valuable Product), c’est-à-dire un produit utilisable même s’il ne comprend pas toutes les fonctionnalités finales (« au plus près, au plus vite du marché »). L’objectif d’un POC correspond donc à l’utilisation du MVP en conditions réelles, avant la première version à destination des early adopters.
Comme pour le TOC, le POC offre de nombreux enseignements pour la conception et le développement de l’innovation.
Les boucles technologie/usage
Naturellement, rien n’empêche de réaliser plusieurs TOC ou POC, sous forme de boucles itératives technologie/usage, cela est même recommandé !
Ce sont les usages qui font la différence entre une innovation pour soi et une innovation partagée avec de (très) nombreux clients et utilisateurs. Mais pour que les études d’usages donnent des résultats pertinents, il faut savoir exprimer clairement son innovation, écouter et accepter les retours (ce qui n’est pas toujours facile…), et surtout les intégrer pour augmenter la proposition de valeur de son innovation.
Vous portez un projet innovant et vous n’avez pas encore questionné les usages ? Ce n’est pas un problème, il n’y a pas de process idéal en innovation ! Surtout, il n’est jamais trop tard pour bien faire !
Même après des développements, voire des premières ventes, il est toujours possible de tester les usages, notamment pour mieux déterminer le marché de volume.
Vous l’avez compris, nous vous conseillons de tester et questionner les usages, pour trouver vos early adopters puis votre marché de volume. Alors, pourquoi ne pas se réorienter et consacrer une partie du budget développement technique aux usages car, tôt ou tard, votre innovation sera confrontée aux utilisateurs, et pour augmenter les chances de réussite, il est préférable que ce soit avant le verdict implacable de la mise sur le marché.
Et vous, quelle place accordez-vous aux usages dans vos développements d’innovations ?